Peinture
Dessin
Vif dehors
Le caractère peut être le plus remarquable de la peinture de Bessompierre, entre véhémence et retenue, est l’alliance d’une poésie de l’image et de la maîtrise du détail pour nous faire comprendre quelque chose du monde et nous y faire entrer.
Les dessins Bessompierre apparaissent comme autant de mises en scènes, avec une grande force de persuasion onirique: arbres dans un décor nu, paysages d’après la fin des temps, quand toute trace humaine a disparu, gisants, sculptures kaléidoscopiques…
L’étrange charivari des tableaux présente des figures ambiguës habitées par plusieurs images que le geste du peintre fait se confonde dans un instantané paradoxal.
Ces » figures de l’ambiguïté » nous font entrer dans l’image par tous les côtés à la fois. Dans Transgression, on ne saurait dire si le film est accéléré à l’endroit où à l’envers. Le corps d’une femme traverse un tunnel quantique: elle est en même temps des deux côtés de l’écran (Y entre-t- elle ou en sort-elle à reculons?). Les images de Bessompierre n’obéissent pas au principe de non-réversibilité. Dans tous les cas, ce que l’on sent c’est qu’une dimension supplémentaire nous est révélée. Comme si quelque chose était là en dehors de nos facultés d’appréhension habituelles – triviales – faisant événement par le détour de la peinture.
Les sculptures sont encore de la peinture: des reconstitutions d’image dans une « expérience émotionnelle de l’espace » ( Kofman). L’art garde chez Bessompierre, par devers lui, sa définition originelle de mechané, de détour rusé. Il s’agit de se saisir de quelque chose qui échappe parce qu’il se tient à l’extérieur de l’univers de la représentation. Quelque chose d’indépendant de nous. C’est que le Réel est un art: il faut une contorsion pour y entrer. Et on y entre en effet en s’y laissant absorber. Regarder devient une performance totale… Il y a une série de dessins autour de Guy Debord – pour lui, avec lui – intitulée Si peu le monde : c’est que nous avons perdu le monde et nous l’avons remplacé par les signes de nos constructions. La peinture de Bessompierre est « forme de vie ». Elle réalise le geste plein, généreux, jubilatoire d’être contenu dans le monde pour pouvoir mieux s’en saisir.
Mylène Duc / 2018
Docteur en Esthétique et Philosophie de l’art
Holoplanes
Les ‘Holoplanes’ sont des constructions à trois dimensions qui mettent en relations des figures peintes en deux dimensions, des images dans l’espace, suivant une topologie picturale.
La topologie décrit les relations spatiales globales entre points.
On peut considérer une topologie picturale qui traite des relations entre figures qui appartiennent déjà à des espaces et des temps qui leur sont particuliers, et situés dans des géométries différentes.